Joseph Seydoux (1924-2004) a méticuleusement documenté les maisons touraines entre 1984 et 1992 au moyen de photos, pour l’essentiel prises par ses soins. En tout, ce sont 1292 images qui ont été rassemblées et qui sont désormais déposées au Musée gruérien grâce au don de sa fille Antoinette et de son beau-fils Marcel Délèze. Des photographies couvrant plus d’un siècle de prises de vues et qui illustrent les changements profonds du tissu bâti de La Tour-de-Trême.

Chaque rue, et pratiquement chaque maison de La Tour-de-Trême ont été immortalisées par Joseph Seydoux, annotant au passage tout ce qui lui paraissait important. Huit classeurs fédéraux témoignent de sa passion. Le protagoniste a également cherché à compléter ses propres photographies avec des images d’archives personnelles pour faire dialoguer « passé » et « présent ».

Joseph Seydoux était le petit-fils de Cyprien Ruffieux dit Tobi di-j’èlyudzo (Tobie des éclairs, 1859-1940), un des premiers mainteneurs du patois. Comptable de profession, père de neuf enfants, conseiller de paroisse, conseiller communal, capitaine des pompiers, président et directeur de La Cécilienne, Joseph Seydoux est un représentant typique de ces élites intermédiaires qui se mettent au service de la communauté locale. Comme le mentionne Jean Godel (GRU du 16 septembre 2017) : « il connaissait tout du petit monde tourain. » Face aux changements profonds qu’il observait, Joseph Seydoux a commencé à photographier des maisons ; il s’est pris au jeu et n’a fait que multiplier et intensifier la démarche.

Au gré des images annotées – ce n’est pas de la nostalgie qui transparaît – mais bel et bien la volonté de dire le réel tel qu’il a été et tel qu’il est. Par-delà l’intérêt documentaire et encyclopédique, le constat est sans appel : l’urbanisation de La Tour-de-Trême est brutale, violente, sans vision globale, réalisée par à-coups qui ont largement déstructuré le patrimoine bâti.

Certes, quelques îlots ont été préservés et même si l’autrefois révèle la dureté des temps, l’exceptionnel corpus d’images ne cesse d’interpeler sur la sensibilité relative avec laquelle on a traité le patrimoine bâti. Ne serait-ce que le reflet de notre attitude face au patrimoine naturel ?
Entre chronologie et thématique, entre lieux auxquels il était attaché et d’autres qu’il voyait se transformer, il photographie, annote, recourt à sa mémoire et à ses connaissances personnelles pour reconstituer le fil du temps, la suite des propriétaires et des familles qui y vivaient, les faits marquants qui s’y sont déroulés. Pour quelques édifices, il documenta aussi l’intérieur des bâtiments.
Lui-même explicite ses sources, conscient de l’intérêt documentaire de sa collecte. Vues, cartes postales et photos de famille: sa maman – Éliane Seydoux-Ruffieux – a précieusement contribué à la réalisation de ses albums. Ces derniers sont aussi composés de cartes, photos et vues que Joseph Seydoux ou sa fille Christine ont pris, collectionné ou reproduit. Joseph Seydoux indique que Photo-Glasson a également collaboré à la constitution de ce fabuleux trésor d’images témoignages.
De Joseph Seydoux lui-même, aucune image ou autoportrait comme si la matière photographiée primait sur le preneur de vue. Il est l’œil qui capture, commente, constate en classant et collant les images sur ses albums…
Ce don d’archives privées permet d’accroître substantiellement les ressources documentaires qui concernent La Tour-de-Trême. Conservées dans des conditions adéquates, elles sont déjà accessibles en ligne sur www.deleze.name/antoinette, le site d’Antoinette et Marcel Délèze-Seydoux.